AGUA music 2022
Que s’est-il donc passé durant cette année étonnante que nous venons de traverser ? Pour Quentin Dujardin, 2020 aura certainement été l’année la plus chargée de son généreux parcours. Plus qu’un voyage, une expérience solo menée à la frontière de nos libertés pour toujours rester créatif. (*)
Aujourd’hui, il marque à nouveau son empreinte indélébile dans le monde de la guitare. Il nous raconte cette période à la fois étrange et terriblement bruyante dans ses oreilles. 2020 restera finalement une année très inspirante face à ce silence imposé aux artistes.
Revenons à la musique en disant d’emblée qu’il s’agit de l’accomplissement de l’un de ses rêves de gamin en réunissant deux pointures en la personne de Manu Katché et Nicolas Fiszman. L’artiste les avait déjà invités notamment sur les albums Catharsis pour Katché (2016) et Veloma pour Fiszman (2007). Ce nouvel album propose ici ce Blues for M&N taillé sur mesure pour cette rythmique imparable et tellement limpide dans son approche du groove. Quentin Dujardin les écoute depuis son jeune âge et s’en inspire pour l’évidence de leur jeu. Un sésame vers la musique tout court.
Pour ce nouvel album, le guitariste s’entoure de ses quatre guitares favorites : nylon, baryton, fretless & acoustique. Une augmentation des couleurs et du spectre sonore dans cette palette très large. Ses guitares électriques, quant à elles nous parlent avec grand cri (2020) de ses paysages qui l’entourent et de son Condroz natal. Un espace vaste où règnent le temps des promenades (La balade de Nils) mais aussi des fontaines de son enfance (Val de Gore).
Tout le monde connaît l’artiste pour son travail très produit à la fois sur les mélodies (Michèle & Philippe) et sur la fluidité de ses improvisations (Aimé). Il n’aura pu s’empêcher de partager ces différentes plages avec son comparse Didier Laloy toujours prêt à se jeter à l’eau. La folle énergie venteuse de son accordéon sonne en accord parfait avec les cordes et annonce le cyclone sur Madagascar. Ensemble, ils revisitent pour l’occasion Baroque avec ce déchirement tout droit sorti de l’archet d’Adrien Tyberghein mais aussi Avril dans cette version live studio qui magnifie cette saison somptueuse. Notons également la présence de l’américain Doron David Sherwin et son cornet à bouquin, artiste international très apprécié tant pour ses interventions délicates que pour l’inventivité qu’il apporte au monde de la musique baroque actuel (Arpeggiata).
Quentin Dujardin poursuit tranquillement sa ligne de conduite en restant attaché de façon immuable au son et à l’émotion. Et c’est bien cet ensemble qui émeut son public.
(*) C’est le 14 février 2021 que l’artiste marque son engagement pour notre liberté d’expression. Il combattra ainsi en justice l’état d’urgence imposé de façon indécente au monde de l’art et obtiendra gain de cause face à l’état belge (**). Quentin Dujardin continuera ainsi à se produire et donnera plus d’une soixantaine de concerts durant le confinement. Aujourd’hui son oeuvre inclassable se combine au citoyen engagé comme en témoigne cet Ave Maria interdit par l’autorité en ce fameux dimanche d’hiver. L’impact est universel.
(**) Durant le confinement, le gouvernement belge a en effet autorisé le culte à des rassemblements allant jusqu’à 15 personnes, alors que cela était formellement interdit pour les lieux de culture. En protestation, Quentin Dujardin a donné un concert public dans une église locale. Son action a été stoppée par les forces de police durant l’interprétation de son Ave Maria.
| PRESSE |
« Un album à la fois profond, puissant et à fleur de peau ! Un univers de toute beauté, qui flirte entre minimalisme et virtuosité. A découvrir ! » – Manu Katché
« Un disque extrêmement soigné, comme toujours, représentatif de l’univers singulier de Dujardin tout en délicatesse, en rêverie et en mélodies chantantes et sensuelles. » – Jazz Magazine (FR)
« A travers ses climats et ses paysages, cet album est comme une lame de fond de liberté, avec l’envie de partager des mélodies fortes. 2020 est un manifeste, pas une messe. » – Jazz News (FR)
« Il y a les guitaristes qui remplissent et les guitaristes qui aérent. Quentin Dujardin appartient à la seconde catégorie. » – Telerama (FR)
« Un album marqué de furieuses envies de bols d’air, mêlant la dureté du fer, le velours du nylon et les vents de l’accordéon diatonique en tempête. » – Guitarist Acoustic (FR)
« Un disque qui fait du bien » – France info (FR)
« Quentin Dujardin montre à quel point il est un des meilleurs pour synthétiser le jazz et les musiques du monde. » – Jazz radio (FR)
« Un diamant à l’état pur » – Le Soir (BE)
« Artiste inclassable, à découvrir absolument ! » – Jazz Rhones-Alpes (FR)
« Des paysages délicats qui nous racontent sa vie et celle des autres. » – Jazz’Halo (BE)
« Un album qui sonne comme une libération. » – Larsen (BE)
« Un son à la fois cristallin, vaporeux et enivrant. Un album vintage et moderne » – Art District Radio (FR)
Le Soir, Octobre 2021 (BE) – entretien par Jean-Claude Vantroyen
«Les artistes ont le devoir de faire avancer le monde»
Le guitariste nous revient avec un très bel album, « 2020 », marqué par le confinement et par la liberté du mélange.
Quentin Dujardin aura marqué les esprits cette année. Le 14 février, alors que les concerts étaient interdits, il se produisait dans l’église de Crupet. Après tout, se disait-il, si les offices religieux pouvaient se tenir devant quinze personnes, pourquoi pas un concert ? Le guitariste fut cependant interrompu par la police. Mais son audace aura permis de secouer l’apathie et de montrer combien la culture était importante dans la société.
Là, il vient de sortir un magnifique album, avec des musiciens formidables : Nicolas Fiszman à la basse, Didier Laloy à l’accordéon et Manu Katché à la batterie. Plus Adrien Tyberghien à la contrebasse et Doron David Sherwin au cornet à bouquin, chacun pour un morceau.
Vous avez marqué les esprits en 2021 et pourtant votre album s’intitule « 2020 ».
2020 fut une année charnière qui, malgré tout ce qu’on en a dit, est restée créative pour moi et pour plein d’artistes. Depuis cette année, je suis plus lucide en tant qu’artiste et citoyen sur ce que représente un artiste dans la société actuelle. Dès le début du confinement, comme il a fait très beau en mars-avril, j’ai beaucoup travaillé dans le jardin avec la famille. Et puis je me suis rendu compte qu’il n’était pas possible de ne prendre que le soleil. Malgré ces restrictions, comment rester créatif ? En 2020, j’ai beaucoup travaillé sur cet album, j’ai voulu rester actif. 2020 fut pour moi une année très créative.
Comme souvent, votre musique est inclassable. Vos influences viennent de partout.
Je continue à écouter tous les styles. Je suis passionné par le streaming qui permet d’avoir une oreille sur tout, et parfois sur n’importe quoi malheureusement. Toute mon enfance fut classique et surtout baroque. Puis je me suis passionné pour le jazz et l’improvisation grâce à la rencontre avec le guitariste Pierre Van Dormael. Je suis un enfant des académies et des conservatoires, et j’ai voulu faire table rase de ce parcours scolaire. Alors j’ai voyagé pendant une décennie. La rue pouvait me fournir une énergie libre, sans limite par rapport à ce que je nomme une caste musicale à laquelle on devrait se tenir. Les artistes qui ont des choses à raconter sont ceux qui font fi des limites et pratiquent le mélange. Sans céder au fourre-tout, avec une ligne de conduite qui est le son et l’émotion. Je prends plaisir à être libre, à avoir cette autonomie créative, sans avoir l’obligation de correspondre à une case, sans répondre à un label puisque j’autoproduis ma musique.
Vous composez toujours sur votre banc, face à la nature ?
Je m’assieds souvent plein sud, c’est un réflexe du voyage, de la rue que j’ai pratiquée. J’ai gardé ce réflexe à la maison. L’énergie de l’extérieur est très inspirante. C’est vivifiant, libérateur de travailler de cette manière.
Ça fonctionne vraiment bien avec vos complices musiciens.
Avec Nicolas Fiszman, on collabore depuis presque 15 ans, on a joué pas mal en live, il a une énergie que j’adore, c’est aussi quelqu’un de très libre, hors caste, une des grandes lumières du paysage belge. Manu Katché, c’est Manu, un mélodiste. J’ai déjà travaillé avec lui, j’avais envie pour la première fois de mettre Nicolas et Manu ensemble, en binôme. Dans la foulée évidemment, en continuité de l’album précédent, j’ai eu envie de raconter encore d’autres choses avec Didier Laloy. Et tout le monde s’est bien senti dans mon univers, chacun a trouvé sa manière à lui de se placer.
… dans votre musique, qui est assez sophistiquée.
Oui, parce que je sais absolument ce que je cherche : une couleur définie. C’est aussi pour cela que je suis allé chercher Adrien Tyberghien et Doron David Sherwin, pour leurs couleurs particulières. La contrebasse à l’archet d’Adrien est « trashifiée », amène un côté un peu dingue, un côté « crunch » qui colle à merveille à l’album. Et le cornet à bouquin de Doron David apporte une touche surprenante qui densifie le morceau.
L’utilisation du cornet à bouquin, instrument du baroque, montre bien votre souci de s’ouvrir au mélange.
A contrario du repli de l’Europe sur elle-même, la musique a la volonté d’étendre les frontières et de chercher le mélange. Voyez Aka Moon, est-ce du jazz, de la world, du classique ? On s’en fout. L’important est d’être sincère dans la démarche. Je suis un énorme fan de Dhafer Youssef, incroyable dans cette liberté de mélanger. Son album Birds Requiem est extrêmement révélateur de ce mélange fantastique que le jazz propose et qui ouvre des perspectives. On a une liberté bien plus grande qu’on ne le croit. On est des artistes de scène, des gens qu’on vient écouter, mais on a le devoir de faire avancer le monde. Un artiste est plus que quelqu’un qui pratique un instrument et monte sur scène. Il offre une ouverture potentielle sur le monde, une porte.
**** Jazz Magazine, Janvier 2023 (FR) – critique par Félix Marciano
Un disque extrêmement soigné, comme toujours, représentatif de l’univers singulier de Dujardin tout en délicatesse, en rêverie et en mélodies chantantes et sensuelles.
2020 aura été une année chargée et mouvementée pour Quentin Dujardin, le guitariste-compositeur belge ayant même bravé les interdits – et les autorités – pour continuer à se produire en public durant le confinement. Une année féconde, surtout car en plus de l’excellent « 2020 Live » salué dans nos colonnes, il a aussi réalisé cet album studio accompagné d’une équipe quasiment identique, à ceci près qu’il a fait cette fois appel au formidable – et trop rare – Nicolas Fiszman pour tenir la basse électrique et asseoir une rythmique impeccable avec Manu Katché. Un disque extrêmement soigné, comme toujours, représentatif de l’univers singulier de Dujardin tout en délicatesse, en rêverie et en mélodies chantantes et sensuelles. On y retrouve ses couleurs solaires et universelles avec ses parfums de folk, de musiques classiques et traditionnelles – et même de bluegrass – avec cette sensation d’espace sans frontière qui caractérise son parcours d’éternel. Mieux, sa palette sonore s’enrichit des textures de ses multiples guitares, notamment baryton et fretless, avec quelques touches électriques pour pimenter son jeu essentiellement acoustique, l’accordéon diatonique de son complice Didier Laloy soulignant à merveille la nostalgie de ses thèmes.
Jazz News, Février 2023 (FR) – Chronique & Portrait par Benoît Merlin
Indispensable
2021. En pleine pangolin party, les lieux de culte belges reçoivent l’autorisation d’ouvrir leurs portes à de petits comités, alors que les salles de concert, elles, restent désespérément fermées. Le culte, oui ; la culture, non (essentielle). Piqué au vif, Quentin Dujardin donne un concert dans une église, stoppé en plein Ave Maria par des képis masqués. Ce nouvel album porte la griffe de cette désobéissance civile et de furieuses envies de bols d’air : les guitares, acoustiques et électriques, grincent, lézardent, dialoguent et digressent avec l’accordéon diatonique du complice Didier Laloy. Des rencontres tout sauf clandestines pour des noces rebelles, mêlant la dureté du fer, le velours du nylon et les vents en tempête. Épaulé du bassiste Nicolas Fizman et du diablement « fûté » Manu Katché, l’esthète Dujardin sort de sa réserve pour explorer d’autres jazz.
A travers ses climats et ses paysages, cet album – et le jazz de manière générale – est comme une lame de fond de liberté, avec l’envie de partager des mélodies fortes.
Né en à Dinant, en Belgique, en 1977, Quentin entame des études de guitare classique à l’âge de cinq ans. Chez les Dujardin, les cordes nylon sont une institution : le père enseigne le solfège, les six frères et sœurs font leurs gammes sur Bach, Brouwer, Dowland, Lauro, Sor et Villa-Lobos. À l’âge de quinze ans, Quentin découvre le jazz grâce à l’album Transparence du guitariste bruxellois Philip Catherine. Une révélation. L’adolescent s’immerge dans les jeux de jazz. Il poursuit ses études en intégrant conservatoires et académies, multiplie les rencontres et sort son premier album La Fontaine de Gore avec le pianiste de jazz néerlandais Diederik Wissels, en 2000. Il n’a que vingt-trois ans, mais décide de fonder son propre label, Agua Music. Il s’interroge sur cette industrie du disque qui ne tourne pas rond, refuse de s’enfermer dans des carcans : « Quand j’envoyais mes démos aux labels, je recevais toujours les mêmes réponses : « C’est joli, mais la guitare, ça ne nous intéresse pas ». A force de recevoir des refus, je me suis dit qu’il serait plus simple de comprendre comment fonctionne ce monde et de me lancer à mon propre compte. Créer mon label m’a permis de préserver ma liberté artistique. Aujourd’hui, je m’aperçois que c’est la meilleure réponse possible à l’asservissement au business de la musique et au problème de redistribution,
beaucoup de labels n’ayant toujours pas compris qu’il fallait partager les revenus de manière plus équitable avec les artistes. »
Dujardin loin de Babylone
En 2021, Quentin Dujardin débute ses explorations guitare et sac à dos. Première immersion à Grenade, chez les gitans d’Andalousie, à la rencontre du famenco. « A l’âge de 22 ans, bardé de diplômes, je me suis dit que j’avais peut-être raté le principal, à savoir vivre la musique, non l’apprendre de manière scolaire. Il m’arrive d’écouter des musiciens qui jouent formidablement bien, mais qui n’ont malheureusement pas d’histoires à raconter. » Le musicien vagabond croise le fer et le nylon, au fil de ses pérégrinations, avec les Gnawas marocains, les Indiens Guaranis du Paraguay, où il s’éprend des compositions d’Augustín Barrios Mangoré, ou encore les Vezos malgaches. Chez Quentin, les cordes sont frottées, pincées, tirées au gré des humeurs et des fresques à dessiner. Kaléidoscopes de mille couleurs. Ces détours du monde sont tracés dans le documentaire ‘Sur le chemin’ du réalisateur Freddy Mouchard, sorti en 2008. Deux ans auparavant, le guitariste globe-trotter a découvert un nouveau continent, celui des musiques de film. Il se lance l’aventure en composant la bande originale de l’adaptation théâtrale du roman d’Eric-Emmanuel Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran. Depuis, ses journées se partagent entre les studios capitonnés (aux côtés de Toots Thielemans, Richard Bona, Bijan Chemirani, Olivier Ker Ourio, Nicolas Fiszman et bien d’autres) et les salles obscures (en 2022, il reçoit le prix du meilleur compositeur au Toronto Independant Film Festival pour le court-métrage Paradisiac). Avec un millier de concerts, une dizaine d’albums, solo ou en formule, et plus de sept millions de streams au compteur,
« l’artiste 360°» explose les lucarnes.
Bas les masques
2021. Le monde s’est choppé la Covid et confine depuis de longs mois. Le 14 février, Quentin organise un concert à l’église de Crupet, un village de Wallonie, face à quinze personnes, la jauge autorisée par arrêté ministériel. « Il m’était devenu insupportable de voir que la culture était soumise et réduite à des miettes. Je demande à mon père, juriste, ce qu’il pense d’une idée qui me trotte dans la tête : puisque les autorités autorisent un curé à célébrer l’office devant quinze fdèles, serait-il « légal » de le remplacer pour donner un concert dans les mêmes conditions ? Il me le déconseille. Je continue pourtant à poser des questions, à des religieux, des programmateurs, des juristes, etc. Un avocat, défenseur des droits de l’homme assez connu en Belgique, m’affrme que je suis dans mon droit. Les autorités, elles, me préviennent que je serai puni d’une amende de 12 000 euros. Cet avocat me rassure en me disant qu’on la contestera en justice. OK, j’y vais ! Le 14 février, je débute donc mon concert, mais il est arrêté au bout de trois minutes par la police. Beaucoup de médias étaient présents, j’avais également reçu des centaines de demandes d’invitation, cela démontre à quel point cet événement était perçu comme une bouée de sauvetage. »
Quentin est arrêté pour non-respect des mesures sanitaires, sommé de poser guitare à terre. Il va en justice en invoquant l’article 19 de la Constitution belge, qui place la liberté des cultes et celle d’expression sur un pied d’égalité. Les avocats du parquet rétorquent que, face à la crise, ce droit essentiel ne s’applique pas aux artistes ! On a beau être en Belgique, ce n’est pas une blague. Quentin remporte son procès en première instance. Le 27 avril, la cour d’appel de Bruxelles confrme le jugement. Dans la foulée, il donne une soixantaine de concerts dans une chapelle près de chez lui et crée une jurisprudence. C’est ce qu’il illustre dans son nouvel album, 2020. « A travers ses climats et ses paysages, cet album – et le jazz de manière générale – est comme une lame de fond de liberté, avec l’envie de partager des mélodies fortes », résume le guitariste aux semelles de vent. 2020 est un manifeste, pas une messe.
Guitarist Acoustic, Mars 2023 (FR) – Chronique de Benoît Merlin
Un album marqué de furieuses envies de bols d’air, mêlant la dureté du fer, le velours du nylon et les vents de l’accordéon diatonique en tempête.
Nous savions depuis Impressionniste (2010),album sur lequel il avait convié la légende de l’harmonica Toots Thielemans, que Quentin Dujardin était un amoureux des textures sonores, à travers un goût d’emblée ouvertement prononcé pour la corde nylon et son empreinte délicieusement mélodique (cf. ici « Ave Maria »). Servi par une rythmique superlative (Nicolas Fiszman – basse et Manu Katché – drums), le guitariste fait en quelque sorte feu de tout bois dans ce nouvel opus (aux guitares nylon bien sûr, mais aussi fretless, baryton, folk et électrique), au sein d’un quartet privilégiant les alliages avec l’accordéon diatonique de Didier Laloy (une bien jolie trouvaille !). L’ensemble est à la fois allègrement mené et impeccablement construit, au fil d’un choix de compositions taillées sur mesure par le leader. On navigue de paysages aériens (« Aimé », « La Balade de Nils », « Avril ») en atmosphères groovy (« 2020 », « Madagascar »…), souvent même au sein d’un même titre (« Val de Gore »), n’excluant pas l’expression d’une certaine fureur (« Baroque »). Pour la part belle faite à l’imaginaire.
Télérama, Mars 2023 (FR) – Critique par Louis-Julien Nicolaou
Il y a les guitaristes qui remplissent et les guitaristes qui aèrent.
Il y a les guitaristes qui remplissent et les guitaristes qui aèrent. Quentin Dujardin appartient à la seconde catégorie. Son art est celui de l’effleurement, de la suggestion. Une légèreté qui ne s’apparente jamais au vide, plutôt au juste choix bien pesé. Ces qualités valent pour l’ensemble de son quartet, de l’immense Manu Katché (batterie) à Nicolas Fiszman (basse) et Didier Laloy (accordéon), tous unis en une harmonie quasi symbiotique.
Jazz radio, Mars 2023 (FR) – Critique par la rédaction
Quentin Dujardin nous gâte
Ce n’est pas un mais bien deux albums que nous propose aujourd’hui Quentin Dujardin. Le premier s’intitule « 2020 » tandis que le second est le résultat de son travail avec ses amis musiciens avec qui il collabore depuis longtemps, tant sur scène qu’en studio: Didier Laloy, Nicolas Fiszman et Manu Katché. Dans ces deux projets, il montre à quel point il est un des meilleurs pour synthétiser le jazz et les musiques du monde.
Là où certains s’entourent d’artistes renommés et de talent pour entreprendre des albums, Quentin Dujardin choisit finement ses instruments et a choisi ses quatre guitares préférées avant de se lancer dans la confection de ses projets. Il s’est donc accompagné de ses guitares nylon, baryton, fretless et acoustique ce qui lui permet notamment de s’offrir un spectre très large de tonalités, de couleurs et d’atmosphères. Mais il a aussi choisi de se faire plaisir avec deux grands musiciens qu’il admire depuis sa jeunesse. Il a en effet demandé à Manu Katché et Nicolas Fiszman de venir lui prêter main forte sur certains des titres de ses opus. Et soyez sûr que, quand il est entré en studio avec eux, il devait avoir le sourire d’un enfant qui pénètre dans un magasin de jouets quelques jours avant Noël.
Et pourtant le guitariste a travaillé avec des pointures comme Lee Townsend, Bijan Chemirani, Olivier Ker Ourio, Richard Bona, Matthieu Saglio, Manu Katché, Mahsa Vahdat, Bert Joris, Toots Thielemans, et encore, cette liste n’est pas exhaustive.
Batteur Magazine, Mai 2023 (FR) – Interview par Philippe Istria
« 2020 » est un très bel album pour lequel le guitariste bénéficie, sur plusieurs titres, de la présence de Manu Katché. Batteur Magazine est allé demander à Quentin Dujardin quel rapport il entretient avec les batteurs.
Qu’attends-tu d’un batteur ?
D’abord du groove, puis de la limpidité dans le maintien de ce groove, et dans ce qui survient dans les espaces. Savoir écouter, également, être au service de la musique et ne pas jouer une myriade de chops, qui fi- nissent souvent par desservir la musique. Celle que j’écris demande de l’aération, de la clarté, parfois beaucoup de finesse et d’autres fois beaucoup de puissance. Il faut savoir se retirer, jouer avec les silences, construire des tapis, des paysages qui laissent de l’espace. C’est le cas dans le titre 2020, dans lequel, après une longue intro guitare-accordéon-percus, un groove surgit sur une basse énorme. Le jeu de toms de Manu, qui est un maître dans ce domaine, apporte là une vraie densité et une grande puissance. La puissance, pour moi, ce n’est pas une histoire de volume mais d’intensité dans le discours.
La batterie a souvent des couleurs percus sur cet album. C’est une approche que tu privilégies par rapport à des rythmes de grosse caisse, caisse claire et cymbales ?
Je suis assez minimaliste dans mes demandes quand je travaille avec un percussionniste ou un batteur. C’est important pour moi qu’il laisse de l’air et j’adore les sons de peaux jouées aux mains. La musique que je joue se prête finalement peu aux baguettes. J’utilise des cordes nylon sur ma guitare, et je trouve qu’elles s’associent mieux au volume et à la finesse des percussions lorsqu’elles sont jouées à la main.
Les sons sont en effet très feutrés sur l’album. C’est parce que Manu jouait aux mains sur ses fûts, notamment sur ce titre 2020 ?
Non, là, il s’agit de percussions que je joue moi-même. Cela peut être sur la caisse de ma guitare ou sur des percussions diverses. Elles me permettent de poser tout de suite des textures et de donner une direction artistique au batteur, qui n’a plus qu’à se glisser dans le rythme déjà induit. Elles me permettent aussi de développer mes mélodies, l’étalement de l’harmonie, d’aller plus loin dans les idées. Mais il reste toujours de l’espace pour un batteur.
Et tu as déjà à ce moment-là une idée précise de ce qu’il devrait jouer ?
Parfois, mais j’aime bien aussi lui donner carte blanche, ne pas trop le téléguider. Je ne suis pas un maniaque du contrôle, j’aime bien avoir divers choix possibles. On peut obtenir sur une première prise des choses très puissantes, qu’il est très important de pouvoir transmettre au travers d’un enre- gistrement. Il faut qu’il y ait de la vie, que ce soit organique, à l’image de cette guitare nylon que j’utilise et qui est pleine de craquements. Parfois même, je supprime du mix final la ou les parties de percussion que j’avais posées en amont, pour laisser tout l’espace au batteur, pour privilégier ce qui s’est passé au moment de cette rencontre en studio. Un break improvisé peut devenir complètement illuminant sur une mélodie donnée. Et comme je connais souvent très bien les batteurs avec lesquels je collabore, je sais assez vite pourquoi ils vont se sentir bien dans la musique. En fait, je fais en sorte de leur servir ce qu’ils trouvent agréable !
Avec quels autres batteurs que Manu as-tu travaillé par le passé ?
Un des musiciens qui m’a beaucoup suivi, très inspiré par la folk et la pop des Etats-Unis, se nomme Arnout Hellofs. C’est une référence en Belgique, dans le style de Matt Chamberlain ou de Steve Jordan. Il a une approche très organique, avec une grande simplicité d’exécution. Nous avons notamment enregistré ensemble un album avec des Maliens, « Kalaban Coura ». Il est également le batteur du groupe Hooverphonic. J’ai aussi collaboré avec Hans van Oosterhout, un batteur plutôt jazz qui a joué avec Philip Catherine et Toots Thielemans. Un magnifique percussionniste suédois que j’adore, c’est Fredrik Gille. C’est quelqu’un d’extrêmement fin, qui joue des percussions du Moyen-Orient nommées riqq, du cajon, et y ajoute souvent quelques toms. Il est capable d’apporter des couleurs qui dégagent beaucoup d’espace.
Depuis combien de temps joues-tu avec Manu Katché ?
Cela fait maintenant huit ans. J’avais fait une reprise de son titre Rose, qui figure dans son album « Neighborhood ». Je la lui ai envoyée, elle lui a plu, et c’est ainsi que nous avons commencé à travailler ensemble. « 2020 » est le troisième album pour lequel nous sommes associés. Sur le morceau Baroque, il fait vraiment la démonstration qu’il est au service de la musique. Il y trouve la coïncidence entre le son et la musique, avec le faible volume de la guitare acoustique. C’est un challenge d’y associer sa batterie, mais c’est aussi cela qui fait l’originalité de ce projet. Manu a une manière de s’exprimer vraiment unique, et un énorme plaisir de jouer, qui m’apporte beaucoup. Il a toujours la banane quand il joue, et j’apprécie énormément cela. J’ai l’air un peu sérieux sur ma guitare, assez concentré, mais à l’intérieur, grâce à lui, je suis très relax. Associé au bassiste Nicolas Fiszman, qui m’accompagne aussi sur l’album et sur scène, c’est la section rythmique la plus énorme dont je puisse bénéficier.
Et quels sont les batteurs avec qui tu aimerais jouer ?
Ziv Ravitz, un Israélien que j’ai découvert lors d’un concert de Nicolas Fiszman. C’est un immense grooveur, immensément créatif. Il possède énormément de finesse, moins de puissance de frappe que Manu, il est encore plus dans une optique de percussions. Je vais suivre son parcours, mais je vais le laisser à Nicolas ! Marc Giuliana est également un de mes favoris, bien qu’il joue parfois très complexe, avec une énorme densité de notes. Il ne s’agit pas de chops dans son cas, mais d’une intelligence rythmique assez phénoménale. Les couleurs qu’il développe sont incroyables, donc ça me parle. Ce serait sûrement très intéressant de travailler avec lui. Et puis je suis un dingue de Steve Jordan, notamment de son phénoménal album live en trio avec John Mayer et Pino Palladino, intitulé « Try » ! L’énergie y est merveilleuse. Il y a une grande limpidité dans les lignes de chacun, le discours ne fait qu’un, la voix est transcendée par la musique. C’est de la magie pure.
Musica Jazz, Juin 2023 (IT) – critique par Ivo Franchi
Il nome di Dujardin dice ben poco agli appassionati di casa nostra. Ed è un peccato. Ma oggi, per colmare la lacuna, sono disponibili in Italia due album recenti di questo brillante e originale chitarrista belga: «2020» e «2020 Live», il cui repertorio è molto simile. Oltre al leader – specialista dello strumento acustico: ma suona anche la sei corde di nylon, quella baritona, la fretless e l’elettrica –, il quartetto comprende alla fisarmonica diatonica Didier Laloy, al contrabbasso Nicolas Fiszman o Boris Schmid (nel cd dal vivo) e alla batteria Manu Katché, l’artista più noto della formazione, il cui drumming elastico, duttile e mai invadente è centrale nell’economia sonora del gruppo. La musica di Dujardin ha il sapore di un invito al viaggio. Un morbido e seducente jazz-folk dal ricercato gusto melodico e dall’incedere epico, speziato con diversi ingredienti. Vi si avvertono influenze classiche (in Ave Maria, per esempio), rimandi bluesy (Blues for M&N) ed echi etnici (dal flamenco ai riferimenti sottotraccia all’universo arabo-andaluso). E il tutto viene comunque miscelato senza forzature, grazie a una cifra assai riconoscibile e personale. Quarantacinque anni e una trentina di album alle spalle, parte dei quali utilizzati come colonne sonore di film (Les coulisses suisses de la guerre d’Algérie) o di spettacoli teatrali (Monsieur Ibrahim & les fleurs du Coran, adattamento del celebre romanzo di Eric-Emmanuel Schmitt), Dujardin è una bella sorpresa. Ed è stato definito dal connazionale Toots Thielemans, che con lui collaborò prima di morire, «una rivelazione straordinaria». Motivo di più per ascoltarlo.
La Libre Belgique, Mars 2021 (BE) – Entretien par Martine Mergeay
Quentin Dujardin: la fin de l’obéissance
Pour Quentin Dujardin, guitariste protéiforme de la planète jazz/folk/crossover (pour faire bref), il ne fut pas question de descente dans la rue, de pamphlet assassin ou d’assaut du parlement, mais bien du calme exercice de son art, dans des conditions en tous points conformes au décret gouvernemental concernant les rassemblements non pas de culture, mais de culte, du moins dans un premier temps.
Le premier acte a lieu le 14 février 2021, à l’église de Crupet où quinze personnes sont conviées.
Sans surprise, ces quinze personnes comprennent de nombreux journalistes, les autorités sont informées des intentions de l’artiste et la réaction officielle ne se fait pas attendre: après cinq minutes de musique, deux policiers interrompent le concert et relèvent les identités des participants. Le calme dans lequel se déroule ce bref incident est terrifiant. Tout comme le perceptible désespoir de Quentin Dujardin au micro des journalistes. On en est donc là… Mais le but est atteint: presse écrite et parlée, télévisions, réseaux sociaux, tous les médias s’emparent de l’affaire, la « parabole » minimaliste imaginée par Quentin Dujardin opère.
Quatre semaine plus tard, l’artiste mènera sur le même mode une triple récidive (trois concerts d’affilée, devant 15 personnes), cette fois dans un véritable lieu culturel -l’Espace Delvaux, à Boitsfort – où personne ne viendra l’interrompre. A l’issue du deuxième (et dernier?) acte d’une pièce dont le retentissement a dû le surprendre lui-même, Quentin Dujardin fait le point par Arts Libre.
Première question, inévitable: avec le recul, comment définiriez-vous votre état d’esprit lors de ce fameux – premier – concert à Crupet ?
Mon intention était claire: en tant qu’artiste, je voulais d’abord partager la beauté avec le public mais je voulais aussi partager ma condition de citoyen, partager une opinion, signer publiquement mon engagement en démocratie. Je voulais faire d’un geste artistique une occasion de réflexion sur les aberrations qui nous sont imposées, je voulais signer la fin de l’obéissance, de la soumission à l’ignorance dans laquelle est tenu notre secteur.
Ce secteur, vous l’occupez en tant que musicien, interprète, compositeur aux multiples intérêts, à la fois singulier et toujours en recherche de métissage.
J’ai abordé la musique par l’étude de la guitare classique que j’ai pratiqué bien sagement jusqu’au jour où j’ai découvert Philip Catherine et le jazz, dans lequel j’ai plongé à distance, de mon lointain Condroz…Cette improvisation tant vantée par les musiciens baroques, je la découvrais dans sa forme la plus accomplie et c’était fascinant ! J’ai donc suivi des cours de jazz avec le regretté Pierre Van Dormael – à l’Académie de Jambes – puis avec fabien Degryse, au Conservatoire de Bruxelles, qui m’a permis de comprendre l’improvisation de l’intérieur, tout en me donnant les moyens techniques pour rejoindre ce que me dictait mon inspiration. Ce fut un long chemin (rire), il y a un monde entre la guitare classique, analytique et, dans un sens, refermée sur la partition, et le jazz, beaucoup plus intuitif, qui, pour se déployer, exige une perception globale de l’harmonie. J’ai dû transformer mon esprit et mon jeu, développer mes intuitions, accepter l’appel de la liberté. Il me fallait aller vers les gens, bouger, voyager, élargir le champ. A 22 ans, j’ai découvert le monde des Gitans et j’ai tout repris à zéro. J’ai voyagé durant 7 ans, au Mali, au Maroc, à Istanbul, affûtant mon écoute au contact des musiques extra-occidentales, découvrant les quarts de ton, transformant mon oreille…
Y a-t-il aujourd’hui un domaine qui vous représente plus particulièrement, qui vous rassemble, auquel vous vous identifiez ?
S’il me fallait aujourd’hui désigner un modèle, je citerais le pianiste américano-arménien Tigran Hamasyan, un pianiste de jazz – un domaine qu’il a étudié à fond dans les universités américaines – qui n’a cessé de mettre son art en liaison avec ses passions profondes, avec son Arménie natale, avec des musiciens de toutes origines et de tous styles. Chacun de ses albums apporte une pierre à un édifice à construire sans fin.
Dans la multiplication de ces échanges, la spirale est-elle concentrique ou excentrique ?
Les deux, bien sûr ! L’autre est un miroir de vous-même, chaque rencontre entraîne une cristallisation (vers l’intérieur) en même temps qu’un nouveau départ, c’est un mouvement perpétuel. J’ai compris cela dès mon enfance, avec un père juriste et une mère linguiste, au sein d’une famille nombreuse (six enfants) évoluant entre harmonie et chaos ! Et ça nous semblait tout naturel… La prise de risque s’inscrit dans la ligne de tout artiste et, associée à la conviction, elle permet de raconter l’amour de la musique, le bonheur d’être en lien avec soi, avec les autres musiciens et, bien sûr, avec le public. Avez-vous déjà songé que la musique est le lus grand vecteur d’innovation ? C’est à mettre en parallèle avec sa substance même, avec son côté fugitif, insaisissable, et cela concerne toutes les musiques, y compris Bach.
Votre parcours est balisé par des projets originaux, multimédia, des clips fignolés, parfois tourné au loin – je pense à ce trépidant Kalaban Coura, tourné dans le quartier éponyme de Bamako, au Mali -, tout ça demande des moyens, des compétences, du matériel. Comment vous organisez-vous ?
J’ai compris rapidement que pour pouvoir avancer dans des voies originales, j devais fonder mon propre outil de production et conquérir mon indépendance financière, c’est une qustion d’instinct, je veux garder ma liberté. Et « Kalaban Coura » – pourtant risqué sur le plan matériel et financier – est justement l’exemple d’un projet qui a très bien marché ! Cette position indépendante m’a toujours valu une excellent réponse du public, notamment lors des souscriptions.
Comment avez-vous passé cette première année de pandémie ?
Au début, comme nous tous, j’étais sidéré, abasourdi, mais c’était le printemps, il faisait magnifique et j’ai un grand jardin… J’ai donc vécu le premier confinement comme un coup de fraîcheur, une merveilleuse parenthèse. On prenait notre mal en patience. J’ai beaucoup écrit, préparé mon nouvel album, donné des concerts en France et même en Belgique, lors de la timide reprise de l’été. Mais à partir d’octobre, l’inquiétude est montée face aux incroyables aberrations auxquelles étaient confrontés les artistes de la scène . Cela s’est mis à bouillonner en moi, il fallait que je rassemble ma pensée, il me fallait quitter les mots, m’organiser, passer à l’action. J’ai consulté des juristes, des prêtres, des autorités écclésiastiques, un Procureur du Roi, et j’ai pris ma décision. ce fut le concert à l’église de Crupet.
Vous vous présentez comme un homme organisé et pragmatique, ce qui n’exclut pas l’aspiration à la spiritualité ou à la sagesse. Mais les images du 14 février ont quand même révélé un Quentin Dujardin hors de lui, quasi en larmes, désespéré.
C’est vrai…J’ai évolué depuis lors mais je suis resté très en colère, et déterminé à faire reconnaître aux autorités qu’elles se trompent et à faire condamner les arrêtés ministériels. C’est la raison pour laquelle j’ai organisé de nouveaux concerts, et cette fois dans un véritable lieu culturel, à l’Espace Delvaux, à Boitsfort. Ils ont eu lieu vendredi, sans intervention de la police – faut-il croire que le parquet de Bruxelles et celui de Namur ont une autre interprétation des faits ? – ce qui aujourd’hui (le 13 mars à 15h) me place en état de « légitime confiance ». Mais rien n’est acquis pour autant. C’est dans ce contexte que deux avocats de la Ligue des Droits Huains et mon avocat, Maître Englebert ont plaidé hier au Tribunal de Première instance de Bruxelles. Le jugement est attendu dans les prochaines semaines.
Jazz’Halo, Décembre 2022 (BE) – critique par Philippe De Cleen
Delicate klanklandschapjes die iets vertellen over zijn leven en dat van anderen.
Op naar de concertzaal…
Met 2020 markeert de uit Dinant afkomstige gitarist Quentin Dujardin een nieuwe fase in zijn traject als muzikant/componist/producer. Een pandemie dook op, de hele wereld ging plotsklaps op slot en gaandeweg ontstond er langzaam maar zeker een nieuwe Quentin Dujardin-plaat. Terug aanknopen met het essentiële, zo stelt de klassiek geschoolde, op technisch vlak uiterst begaafde componist in hoesnota’s van het album. 2020 was op vele vlakken erg hard, koud en haast onmenselijk.
Dat idee komt misschien nog het best tot uiting in “Ave Maria”, de track die het album afsluit. De compositie markeert een moment in de tijd. In het kleine dorpje Crupet besluit de overheid plotsklaps de stekker uit een erg kleinschalig concert in een kerk te trekken. Erg hard, want het betekent de doodsteek voor een zelfstandige muzikant wiens brood net bestaat uit de mogelijkheid om die concerten te kunnen spelen.
Het is een sleutelelement op een plaat die hoofdzakelijk bestaat uit delicate klanklandschapjes die iets vertellen over zijn leven en dat van anderen. Het grillige “Blues for M & N” bijvoorbeeld. Wie zij zijn blijft (voorlopig) een raadsel, wél duidelijk is dat zij een effect teweegbrachten bij de gitarist/componist. Hetzelfde kan ook gezegd van het tussen bucolische blues, exotische swing en zinderende flamencogrooves schipperende “Michèle & Philippe”. Op « 2020 » brengt Dujardin fraaie, dromerige en vaak erg rustgevende composities die schipperen tussen werelden van folk, roots, blues en jazz. Via een compositie als “Madagascar” (of wie verder kijkt ook op albums als “Kalaban/Coura” of de score bij “Monsieur Ibrahim”) merk je ook meer wereldse invloeden.
Dujardin omringt zich op deze plaat door muzikanten die hem al lang bijstaan, zoals accordeonist Didier Laloy, bassist Nicolas Fiszman en de ruimschoots ervaren (jazz)drummer Manu Katché. Verder dragen ook cornettist Doron David Sherwin (op het door Laloy gepende “La Balade De Nils”) en contrabassist Adrien Tyberghien bij aan het vrijwel geheel door Dujardin gecomponeerde “2020”, een project dat eigenlijk maar écht tot leven komt in een concertzaal.
Larsen, Octobre 2021 (BE) – critique par Jean-Pierre Goffin
Un album qui sonne comme une libération
Après des mois de disette musicale et de lutte pacifiste contre les absurdités d’un étouffement de la culture, Quentin Dujardin nous offre un album daté “2020” qui sonne comme une libération. Si cette nouvelle galette crée un lien avec Water & Fire, le duo avec Didier Laloy, avec la reprise de Baroque et Avril, il s’agit aussi et surtout de retrouvailles avec des complices que beaucoup rêveraient d’avoir à leurs côtés sur leurs productions. Mais Nicolas Fiszman et Manu Katché sont avant tout des amis qui se joignent à ce nouvel opus bien plus que des faire-valoir : « J’avais le rêve depuis des années de les mettre en connexion. Ce sont des amis de longue date avec qui j’ai travaillé sur des projets différents, mais sans que l’on soit tous les trois ensemble. Pour moi, c’est ma section rythmique idéale. » Le guitariste leur consacre d’ailleurs un titre vibrant Blues for M & N. Nostalgie et gratitude aussi dans des reprises comme Val de Gore, allusion au restaurant-galerie familial, ou Michele & Philippe dédié à ses parents. On appréciera aussi le travail sonore mis en place lors des nombreux concerts à la Chapelle Notre-Dame de Saint-Fontaine où Quentin Dujardin s’est équipé d’un sampler qu’il utilise aussi sur cet enregistrement. Les multiples sonorités de guitare, l’énergie de l’accordéon de Didier Laloy et le formidable groove rythmique apporté par Nicolas Fiszman et Manu Katché font de cet album un des grands moments de bonheur de cette curieuse année.